Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Maybe & Co
5 octobre 2007

Les coincés du cul [Dressage]

Voici cette nouvelle (?) race de cavaliers (j'ai un doute, peut-on les appeller ainsi ?) qui se répend actuellement dans nos clubs et nos écuries. Et pire encore, ils se mettent à dominer les compétitions de Dressage, au plus haut niveau !  Quelle pitié de voir cette (équitation ?) et surtout ces pauvres chevaux qui eux se retrouvent coincés de partout, martyrs silencieux...

Mais le coincé du cul, qu'est-ce que c'est ? C'est avant tout un (cavalier ?) qui, voulant imiter la belle équitation, persuadé de bien faire (!), a dans la tête une idée fixe : le bon travail, c'est celui réalisé avec un cheval placé, un cheval rassemblé (la plupart du temps il n'a qu'une vague idée de ce que ces termes signifient réellement). Parce que c'est beau, parce que le cheval porte alors le cavalier avec facilité et que cette attitude lui permet d'être toujours prêt à se mouvoir dans n'importe quel sens, d'adopter des allures aériennes... cette attitude est donc la bonne. Oui mais... le coincé du cul a oublié quelque chose en route, et ça n'est pas rien, c'est même le principal ! Il a oublié que cette attitude est le but à atteindre, le résultat d'un long travail, d'une musculation progressive du cheval (et oui, ça lui demande beaucoup d'efforts), l'aboutissement d'un dressage bien fait.

Alors le coincé du cul veut un cheval placé tout de suite, persuadé que c'est le préalable à tout travail de dressage qui se respecte . Il lui faut un cheval placé pour faire une épaule en dedans, effectuer une transition et même simplement changer de direction ! Au lieu d'utiliser tous ces exercices pour travailler et améliorer l'équilibre et l'attitude de son cheval (c'est pour ça qu'ils ont été inventés, rappelons lui...), il veut commencer par la fin !

rollkLes conséquences sont désastreuses, cela va sans dire. Comment demander un tel effort à un cheval non préparé physiquement comme mentalement ? Impossible, tout simplement ! Heureusement le coincé du cul a trouvé la parade (sans même s'en rendre compte). Au lieu de rechercher un travail juste, confortable et efficace, il se contente des apparences. Le cheval doit avoir le chanfrein à la verticale (en réalité lègèrement en avant de la verticale, mais le coincé du cul ne s'attarde pas à ce genre de détails, évidemment) ? Et bien mettons lui le chanfrein à la verticale, voire même encapuchonons-le, on n'est plus à ça prêt. Et comment obtenir ce résultat rapidement ? Tirons, tirons mes amis... et si nous n'avons pas la force de tirer, utilisons un mors plus sévère ou un enrênement qui obligera le cheval à garder sa tête à sa place ! (quel mauvais élève quand même que ce cheval qui cherche à éviter douleur et inconfort !) Rien de tel qu'une douleur extrême dans la bouche pour faire oublier l'inconfort de l'attitude forcée (qui peut provoquer la déformation des vertèbres cervicales du cheval à la longue... mais il faut croire que cette douleur était moindre par rapport à celle occasionnée dans la bouche !). Et les coincés du cul se musclent les bras, encore et encore, toujours plus en fait. Et quand le cheval semble enfin devenir "léger" c'est qu'il a trouvé la parade en venant se placer derrière la main, en fuyant le contact vers l'arrière donc (cheval encapuchonné...). Le cheval n'a bien sûr aucune confiance dans son cavalier et sa main, il la fuit comme il peut.

Autre précepte que le coincé du cul veut appliquer : le sacro saint engagement des postérieurs. Et comme il ne comprend ni de quoi il s'agit, ni à quoi il sert, ni quand il est utilisé par le cheval, il se contente de "demander" en poussant le cheval en avant. Mettons des jambes, ça servira toujours ! Ainsi le coincé du cul demande à son cheval de se porter en avant (c'est normalement la signification de l'action de jambes) même quand il lui demande de ralentir ou de s'arrêter ! Et quand il lui demande réellement d'avancer, le cheval se retrouve à butter contre la main, toujours présente pour contrôler la tête, bien sûr, puisque sans ça le cheval risque d'en profiter pour respirer un grand coup dans une attitude plus confortable. La pauvre monture se retrouve alors contractée de partout parce que physiquement on lui demande l'impossible et que psychologiquement on lui demande le contradictoire : avance + n'avance pas plus vite/ralenti/arrête-toi !

Bien évidemment le coincé du cul oublie énormément de choses, comme la répartition du poids du cheval qui, pour son confort, devrait progressivement se déplacer vers l'arrière main (pour compenser le poids du cavalier) et qui, par ces procédés, se retrouve au contraire encore plus sur l'avant main. Quant à la nuque qui devrait être le point le plus haut... ce "détail" est passé à la trappe. Qu'importe que le cheval plie son encolure en un point douloureux au lieu de le faire là où elle est mobile (la nuque). Qu'importe qu'il ait une encolure basse qui entraîne son poids vers l'avant au lieu d'une encolure haute favorisant la répartition sur l'arrière main, la montée des épaules, le travail du dos... puisque l'équitation du coincé du cul fait illusion et qu'un résultat est obtenu plus rapidement qu'en prenant le temps de préparer le cheval et de lui enseigner ! Ainsi le coincé du cul peut fièrement parader sur un cheval de 3 ans "en place" (selon sa propre définition évidemment) !

Le coincé du cul ne s'attarde pas sur les détails ni sur le confort et la santé de sa monture (même s'il se plaindra parfois d'avoir des factures de vétérinaire/ostéopathe... astronomiques). L'important pour lui c'est l'imitation, qu'elle soit mauvaise, il s'en fiche ! D'ailleurs dans la famille des coincés du cul, on aime beaucoup se copier. Faire le même exercice que le cavalier qui monte avec nous, sans le comprendre, sans en voir l'utilité, sans être sûr que le cheval que l'on monte a le niveau et que l'exercice lui convient réellement. Ou faire ce qu'on a vu à la télé et qui doit forcément être bien du coup... Simplement, si l'exercice copié entraîne à un moment une sortie du cadre obligatoire que s'est fixé le coincé du cul (son imitation de placer ou même de rassemblé) alors le coincé du cul l'abandonnera, et tant pis si le cheval n'a jamais le droit de s'étirer, de relâcher un moment l'effort, de souffler un peu...

Mais pourquoi ce nom de coincés du cul ? me demanderont certains (ou la plupart lol). Et bien parce qu'il faut l'avoir rudement coincé pour ne pas sentir qu'ainsi le cheval se contracte de partout, se creuse d'inquiétude, reporte son poids vers l'avant, résiste ici, là, là et encore là... Evidemment le débutant ne distingue pas ce genre de subtilités, occupé qu'il est à trouver sa place et accompagner les mouvements du cheval (tant bien que mal). Mais passé un certain niveau, il paraît aberrant de ne pas être capable de sentir ce qui se passe sous la selle ! Comment confondre tension du dos et raideur généralisée ? Ceci reste à mes yeux pur mystère ! Même en montant en équilibre et en trottant enlevé, il est possible de sentir énormément de choses ! Mais les coincés du cul sont assis tranquillement sur un cheval bloqué de partout, quasi paralysé et qui ne fait plus rien fonctionner et ne se rendent compte de rien ! Et quand ils regardent un autre coincé du cul monter, ils trouvent ça beau !




Bien évidemment cet article est une exagération, j'y décris ici les coincés du cul les plus atteints que j'ai pu observer. Tous ne sont pas aussi catastrophiques et désolants. Parfois certains essayent de s'ouvrir à d'autres méthodes et se mettent à réfléchir à ce qu'ils font, c'est déjà un premier pas qu'il faut encourager. Cependant les idées fausses et les mauvaises habitudes sont dures à combattre... Et puis d'autres adoptent une autre méthode (sous l'égide de tel grand cavalier, tel professeur renommé) mais toujours sous forme d'un système figé, immuable et incontestable...

Les coincés du cul nous envahissent-ils ? auront-il le dernier mot ? Heureusement il existe encore de nombreuses personnes qui respectent leurs chevaux réellement, qui s'attachent à monter du mieux possible POUR leur cheval et AVEC lui. Et parmi eux, des enseignants qui sauront, espérons-le, transmettre autre chose qu'une équitation des apparences et des résultats immédiats. A tous ceux là, je tire mon chapeau et je souhaite une bonne Equitation, en intelligence. Certe personne n'est à l'abri d'erreurs, nous en commettons tous, et par milliers. Mais les vrais amoureux des chevaux, ceux qui les respectent réellement, savent se remettre en cause pour le bien être de leur compagnon ! ;)

nunoliviera

Nuno Oliveira

Publicité
Publicité
Commentaires
E
C'est tellement vrai cet article !! J'adore ta façon de dire les choses xD<br /> Bzoux miss ^^
Maybe & Co
Publicité
Publicité